Le défi N° 89
C'est un lieu qui ne paye pas de mine (un banc public, une ruelle, une place, un arrêt de bus, etc...), un endroit qui ne vaut pas le détour sauf pour vous.
Décrivez ce lieu et racontez pourquoi il vous plaît (ou déplaît) autant.
Enriqueta a eu la gentillesse de nous proposer ce défi à envoyer pour le lundi 5 novembre 2012 à 8 heures.
La salle de traite.
Là où je vais chercher mon lait.
Si jamais je disais à ses propriétaires combien j'aime m'y retrouver, je crois bien qu'ils me prendraient pour une zinzin. Quoique ... ce métier, ils l'aiment et vaches et veaux sont bien traités.
Elle n'est pas grande. Juste faite pour passer six vaches à la fois.
Au printemps arrivent les hirondelles et, à ce moment là, c'est petite bagarre chez les humains qui y travaillent. Il y a ceux qui sont heureux de les voir faire leurs nids, de les entendre discuter, piailler lorsqu'elles ne sont pas d'accord, et celui qui aimerait bien ne plus les voir dans ce lieu, à cause des petites saletés qu'elles y font.
Quand on les compare à celles des vaches ... J'ai mis un peu de temps à comprendre :
Les vaches sont, normalement prévisibles et font leurs bouses au sol (mais parfois cela éclabousse et même pire puisque les fermiers se trouvent dessous).
Les hirondelles laissent tomber leur fiente en volant au-dessus des têtes et malheur à celui ou celle qui a la malencontreuse idée de se trouver dessous !
Je me dis, en écrivant ce petit texte, que je ne dois pas être vraiment normale, effectivement.
Dans cette salle de traite règne souvent un atmosphère humide et chaude (pas en ce moment) et les odeurs qui s'en dégagent ne sont pas pour un nez délicat, mais je passe outre.
J'aime ce sentiment paisible que je ressens, cette affinité entre humains et bêtes, même si, parfois, il y a désaccord.
Il faut reconnaître que les vaches semblent même, parfois, trop calmes. Elles n'aiment pas être bousculées, pressées. Elles prennent leur temps pour arriver et dans un ordre qu'elles ont déterminé, elles, pas les humains.
J'aime voir le lait crémeux, mousseux lorsqu'il coule dans mon pot ou dans les seaux pour les veaux.
J'aime voir le premier lait après le vêlage, celui qui, systématiquement, m'est proposé, avec un clin d'oeil, pour faire les gaufres.
J'aime voir avec quel soin le pis des vaches est nettoyé pour la traite puis graissé à la fin.
J'aime le grand balai de cantonnier manié de mains expertes par une petite jeune femme et le nettoyage à grande eau de toutes les surfaces pouvant avoir été souillées.
Je n'avais pas du tout pensé à vous parler de ce lieu lorsque j'ai lu le défi d'Enriqueta, mais là, alors que je vais bientôt aller chercher mon lait, cela m'a semblé être une évidence.