Merci

Publié le 6 Août 2013

                       

 

 

 

                                                                               

 

 

 

 

Vos commentaires m'ont été droit au coeur.

Certains d'entre vous le savent, je suis plus dans l'oralité que dans l'écrit.

Je voudrais vous faire comprendre comment cette histoire de vie  "La Porte du Jardin" est née.

Il a fallu du temps et un jeudi soir, je suis arrivée en atelier conte avec une grosse ébauche dans ma tête.

Au fur et à mesure que je racontais, je voyais les yeux de notre maître de stage d'alors devenir très foncés alors qu'elle les a si clairs, ses yeux bleus. Je me demandais quelle catastrophe je faisais renaître (je l'ai su, plus tard. On a tous quelque chose qui nous rapproche tant).

Lorsque j'ai eu terminé, elle m'a juste demandé ce que je voulais en faire.

A cette époque, je n'avais qu'une idée en tête : la donner.

Elle a demandé pourquoi. La réponse a fusé très rapidement. Je désirais que les mères qui se trouvaient dans cette douleur puissent y trouver un écho et peut-être aussi un apaisement.

Alors m'a-t-elle dit, il va falloir travailler pour que ce ne soit plus seulement ton histoire et tu sais ce que cela veut dire.

Oui, je pensais le savoir, et oui, je savais que j'allais souffrir encore un peu plus.  Mais je ne pensais pas que ce serait autant. J'ai dû supprimer  tellement de mes ressentis  que j'avais l'impression de me dépouiller un peu plus à chaque fois pour arriver au résultat que vous avez lu.

Mais, il m'était impossible de la donner en public cette histoire de vie. Je trouvais toujours un prétexte.

Il a fallu un nouveau coup du sort subit par une toute jeune amie pour qu'elle sorte en quelques jours.

J'avais prévenu l'organisateur que c'était une histoire de vie et qu'elle n'était pas spécialement gaie mais que je la pensais pleine d'espoir  quand même.

A la fin, je tremblais comme une feuille mais j'avais gagné, je me demande en quoi, même encore maintenant.

J'avais réussi à ne pas pleurer. Un conteur doit faire ressentir ses émotions sans les montrer. Cette phrase, je la connais par coeur depuis que j'ai franchi la porte du conte.

L'organisateur m'a foncé droit dessus et m'a étourdie de questions : As-tu senti la salle ? As-tu senti ce silence incroyable ? As-tu senti cette attention ? As-tu ... Je ne sais plus combien il y a eu de questions mais pendant que je l'écoutais je me suis demandée quelle catastrophe j'avais déclenchée lorsqu'il a terminé en disant : tu te rends compte de ce que tu as fait, de ce que tu as donné ?

A ce moment là, j'étais une serpillère, j'avais l'impression que j'allais tomber. Je n'avais plus qu'une hâte, rentrer chez moi, me serrer dans des bras accueillants et boire un Unicum (une boisson avec une croix rouge qui vient de Hongrie).

Croyez-vous qu'il a trouvé le moyen d'ajouter : nous allons dîner tous ensemble, tu viens avec nous ?

La douleur de mon amie m'avait portée. Je pensais à ses deux petits garçons qu'elle allait devoir mener à leur vie d'homme, elle aussi, comme ma belle-fille.

Je crois que jamais plus je ne donnerai cette Porte du Jardin en oralité. Je ne me sens plus du tout capable de le faire.

Pourtant les années se sont ajoutées aux années. Pourtant, j'ai acquis un peu plus de sérénité. Pourtant, un jour, j'ai pu VOIR un ciel dans toute sa beauté. Pourtant je me suis mise à penser qu'il serait bon de voir mes petits enfants devenir des hommes eux aussi.

Mais cette année, il a fallu que ce mois de juillet  me pousse à publier, sans rien changer, cette histoire de vie.

 

Rédigé par entrebrumeetsoleil

Publié dans #A propos de

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P
Dis-moi Erin, je n'ai pas ton blog. Sur tes commentaires je ne peux pas l'ouvrir. <br /> Bon dimanche
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P
Non, pas une grande âme. Je suis quelqu'un qui a vécu, qui ne savait même pas ce que c'était que d'avoir mal vraiment. Mon papa était parti depuis plusieurs abbées mais il était malade et même si c'était mon papa, même si j'avais des relations formidables avec lui d'amour et de confiance dans les deux sens, c'est encore autre chose. Tu te sens prendre la relève, un peu, mais tu n'as pas l'impression de destruction.<br /> Tu as pu te rendre compte que je suis, maintenant, capable de délirer comme avant avec mes garçons. Ca je le dois au blog, je pense. Et du coup, mes petits enfants le ressentent.<br /> C'est vrai que le blog réserve des surprises. Sais-tu combien tu m'as aidée ?<br /> Amitiés
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E
Alors je laisse ouverte ta porte et je pense que tout est dit et j'avais bien compris...<br /> <br /> Je suis heureuse de t'avoir connu grâce à APLN, car avant je n'avais jamais croisé tes pas, tes mots, j'en suis heureuse car tu es une grande âme. Et je suis fière de te connaître même si c'est virtuellement.<br /> <br /> Je t'embrasse <br /> <br /> Eva
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P
lors, si ma publication a pu apporter à certains, c'est un bonheur pour moi. Le partage est quelque chose de tellement important.<br /> Je m'aperçois qu'il fait toujours réfléchir sur son propre vécu.<br /> L'oraliser, cette Porte du Jardin, était pour moi, à ce moment précis, une obligation. Si l'organisateur m'avait dit non, je ne sais pas si j'aurais raconté ce soir là.<br /> Laissons cette Porte ouverte pour tous ceux que l'on aime. Et tu vois je ne dis même pas que l'on a aimé.<br /> Bises
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P
J'en suis au même point que toi. J'ai commencé la liste, mais elle est en panne. Il faut que je m'y remette, donc que je bloque du temps.<br /> Tu te rends compte que je publie peu et pourtant j'en ai des articles qui trottent dans ma tête et que je finis par oublier. Mais il y en a que j'ai mis en brouillon, il y a longtemps et que je n'ai pas publié parce que je n'osais pas. Je verrai cela.<br /> Merci pour ta réponse pleine de sensibilité.
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