Défi N°

Publié le 6 Février 2021

Je me souviens ...

C'était après la guerre, la petite fille que j'étais n'était jamais partie en vacances.

Je devais avoir environ six ans et je me retrouve, après un long voyage en autocar, je crois, dans un village du côté de Saumur.

Pourquoi là-bas, c'est maintenant que je me pose cette question. Une grosse maison, une très grande cour, un chien loup à la chaîne dont il est absolument interdit de s'approcher, des  chevaux et un setter tout fou qui vient tous les jours nous rendre visite, mais comme la porte de la ferme est fermée, il passe par le grenier pour monter sur le mur et sauter de l'autre côté.

Les  habitants : tonton Lili, sa femme et sa mère. Des gens que mes parents ont l'air de bien connaître.

Avec maman, nous sommes logées dans une grande pièce contigüe à une écurie. C'est là que loge la jument de tonton Lili et lorsque je suis couchée, je l'entends bouger, mâcher et souffler. 

Tous les matins, nous sommes réveillées par le paon de la voisine. Il fait la roue et se fait une joie de le dire : léonléon. Maman a beau le vouer aux enfers, je ne manquerais pas le spectacle pour cause de sommeil et pourtant, je suis déjà une grosse dormeuse.

Une fin de matinée, maman prépare le repas. La porte est comme celle de l'écurie, le haut et le bas s'ouvrent (je n'en connais plus le nom). Juste à côté de cette porte, un réchaud posé sur un meuble. Soudain, maman pousse un cri. Suzy, la jument de tonton Lili vient de passer sa tête par le haut de la porte et souffle dans son cou. Du coup, maman a dû remettre les pommes de terre dans la casserole. Pas de bobo ! Une crise de rigolade lorsqu'elle a raconté cela à la ferme.

Papa est arrivé dans une traction noire avec un copain que je ne connais pas et qui est reparti après le repas que nous avons tous pris dans la grande maison.

Et les vendanges ont commencé. Tout le monde part dans le tombereau tiré par deux chevaux.

J'ai mon écharpe jaune et bleu autour du cou car j'ai toujours mal à la gorge. Pourtant il fait très chaud, comme j'aime.

Le soir, le raisin est vidé par une porte qui donne directement de la cour à la cave où il est recueilli dans une grande cuve. Un soir, tenue par les mains de chaque côté, j'ai même eu le droit de fouler le raisin car il n'y en avait pas encore beaucoup. C'est une sensation très douce qui est restée dans ma mémoire.

Ces journées sont rythmées par des rires, des chants, des éclats de voix et des repas pris, vite fait bien fait, dans les vignes. 

Un jour, la jument de tonton Lili a faussé compagnie à l'homme qui s'en occupait. Elle est partie sur la route de Saumur et lorsque les hommes ont voulu la rattraper, elle s'est emballée. C'est l'affolement général. Heureusement, à cette époque, les voitures ne sont que très peu mais cela n'empêche pas les gendarmes. Ils sont arrivés le soir même.

Un autre jour, les maîtres de maison sont partis. Le chien loup aboit si fort que nous allons voir. Il n'a plus à boire. Papa prend une casserole d'eau et la pousse doucement avec un bâton jusqu'au museau du chien qui tire sur sa chaîne. Par la suite, papa peut passer par la petite porte. Jamais le chien ne grogne. Il demande des caresses que papa se fait une joie de lui donner avec une grande fierté.

Ha, ces vacances imprégnées dans ma mémoire.

Rédigé par entrebrumeetsoleil

Publié dans #A l'abordage - Le défi

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