C'était le dimanche 11 novembre.
Publié le 28 Novembre 2018
Nous avions été demandées pour cette journée de commémoration dans un village voisin.
Mon amie avait une histoire de famille qui a été travaillée : la vie des femmes pendant cette guerre.
Lorsqu’elle a dit dans sa famille qu’elle allait la conter, son frère lui a dit : je me demande bien ce que tu vas pouvoir faire de ce que grand-mère nous disait.
Ces messieurs du conseil municipal nous avaient demandé de lire des lettres de poilus, en plus.
Avec chacune son livre, nous avons lu, sélectionné, gardé et travaillé. Les faire vivre ces poilus que ce soit dans les tranchées ou dans les taillis pour une pause. Faire vivre ces hommes jeunes qui souvent ne reviendraient pas.
La lettre d’un mutiné, censurée, bien sûr, gardée dans des archives et exhumée.
Nous avons passé plusieurs semaines sur ce sujet poignant et comme je l’ai dit cet après-midi du 11 novembre 2018, aux soixante-dix personnes qui nous avaient écoutées, nous n’en sommes pas sorties indemnes, même si nous connaissions cette période, même si j’avais les carnets de guerre d’un de mes grands-pères.
Nous avons mêlé des poilus avec quelques gradés, mais aussi avec deux ou trois soldats allemands.
Et j’ai terminé par une lettre du capitaine Charles de Gaulle en captivité qui était très pessimiste sur cette paix qui n’en serait pas une. Et c’était une lettre du mois d’octobre 1918.
Et aussi avec une lettre d’une infirmière, en date du 24 décembre 1918, parlant d’un petit garçon qui avait ramassé une grenade à la gare de Valenciennes, laquelle grenade avait explosé, tuant sa mère et sa sœur ; suivi par un petit mot le 25 décembre parlant du père qui venait les chercher joyeux à la gare.
Voir les larmes perler au bord des paupières hommes et femmes confondus, a été notre plus beau remerciement.